Couleurs en mon être

En mon être

Le jaune pénètre la terre, baigne de la vie notre être profond, commun à tout être qui s'y trouve...
Le marron, silencieux et sec, accueille le jaune, le boit lentement, tout lentement.
Le jaune fond en lui, s'étale, unit les grains de la terre...
Quoique vif, il ne brûle rien car le marron, teinte de l'accueil profond, laisse pénétrer pleinement...
Le silence du marron n'est plus sec.
Homogène, cette union est la paix...
Du fond de moi nait, en mon être, le beige.

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Couleurs et voyage

Je plane au coeur de soyeuses couleurs pastels
Très lumineuses, vives mais soigneusement frêles...
Perles de fraîcheur dont je saisis la douceur
Que je câline entre mes doigts et sur mes joues;
Je sens des petits frissons partout; c'est trop fou!

Je ris aux éclats! Et voici d'autres couleurs
Qui jaillissent devant moi; gracieuses elles dansent
Et tourbillonnent dans l'air; en leur transparence
Légère, je vois l'infini, la liberté.

En ces perles, je contemple une éternité
Et mon âme maintenant flotte en des nuées
Aux tendres teintes d'un arc-en-ciel échoué
Des cieux au monde des rêves... De ce qui, parfois,
Devient souhaits, puis projets. Munie de ma foi,
Mon âme tisse un mystérieux chant; "avenir"
Est le seul mot que j'entends mais les sons m'inspirent
De la confiance... Oh! qu'ils me semblent bien moelleux!

Je prends mon élan; je saute, m'envole et en eux
Je me jette! Me vautre... Les cotonneuses couleurs
Ont fondu dans le jour. Une étrange lueur
Apparaît sous mes pieds; elle m'est familière
Mais je ne sais la nommer. Le chant, en son air
Toujours aussi confortable, m'emmène vers elle.

Dans mon bain, je sursaute! Un faisceau lumineux
Venant de dehors m'a fait ouvrir grand les yeux;
Oh! Que les bulles de mon eau Bao sont belles!
En elles circulent des arc-en-ciels, mirages
Merveilleux; en eux je pars souvent en voyages.


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Simple évasion

Soudain, je plongeai dans des vagues qui m'emportaient vers l'infini.

Mes mouvements se déployaient dans le fraîcheur sous un bas ciel, d'un bleu un peu blanc, qui me frôlait en douceur de sa pâleur cotonneuse.

Je me sentais bien. J'avais l'impression d'évoluer dans un monde fermé à l'horizon par l'azur rejoignant la mer. Les eaux de celle-ci un peu bleues, un peu grises et un peu vertes, avaient gardé en elles l'éclatance des rayons solaires dont elles s'étaient nourries.

Je cessai mes mouvements pour me laisser aller au gré des flots.

Sous l'épaisse couverture des nuages clairs, il me sembla que je m'endormais dans un corps où une grande joie avait déposé la paix, quand une vague me surprit, me souleva.

Je songeai à revenir,  je me retournai, une autre vague un peu plus ample arriva pour me ramener vers la blondeur des plages et...

En un seul mouvement, mes yeux se retirèrent de la profondeur de ton bleu regard.

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Mauve nuage

Un nuage aux reflets mauves a couvert mon coeur
De sa cotonneuse pâleur mais, tout à l'heure,
Je le retournerai, m'allongerai dessus
Et la nuit m'accueillera dans son bleu tissu
Dont je me draperai l'âme, je me nourrirai
De millions d'étoiles lumineuses aux secrets
Infiniment doux, leur pure et belle blancheur
M'abreuvera en lait, j'humerai les senteurs
De l'univers et sans tarder je reviendrai
Vers toi avec un immense panier doré
De soleils argentés dont l'éclat, pour toujours,
S'élèvera et illuminera nos jours
De joie et nos nuits d'amour; aujourd'hui je pleure
Car, s'il te plaît, où es-tu? Dis-le moi! Mon coeur
Etouffe sous les reflets mauves du nuage...

Sans toi, je ne peux commencer aucun voyage.

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Rose bonbon

Un épais ciel rose
S'alourdit, se pose
Sur toute la terre
Et tous les cours d'eau;

Plus rien n'est en haut!
Le ciel est à terre.
Le rose est mon air,
Il occupe l'aire
De mon intérieur
Et j'ai un peu peur...
Mais, le Haut est là
Car, de lui, un "là"
Surgit, s'épaissit
Et descend au "si"
D'une basse octave,
Puis tombe en un "sol"
Qui, tel une lave,
Envahit le sol
Où je suis; cahot!

Plus de Haut! Le Haut
Est bu par le Bas
Mais mon coeur, lui, bat
Et je m'y accroche!
A ses doubles-croches
J'amarre mon âme.
Je suis bien; la flamme
De ma vie est là!

Elle me réveille!
Hier soir, le sommeil
En moi s'est hissé
Mais, moi, je suçais
Un gros bonbon
Rose et très bon.

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Vert

Dans le vert de ton regard, je m'envole et un limpide espace m'ouvre son ciel...
Sous mes pieds, naît une étrange fête d'étoiles qui dansent...
Elles me tournent la tête, je tombe.

Sur un drap juteux et piquant, je me redresse!
Etre arrivée dans un citron n'a rien d'amusant, mais j'y suis.
Je bois le jaune, c'est acide... je tousse... je m'étrangle...

Gisant allongée dans un couloir aux nombreux petits carreaux oranges et froids, je les regarde mais ils sont nombreux. Ils me saoulent! Je suis enfermée.
Je bondis sur mes pieds et, contre un mur, je me jette la tête la première!

Rose, la chambre où je suis est rose. Doucement, un rosâtre nuage m'enveloppe;
c'est trop moelleux, ici!
Je me fâche, je déchire tout, je saute!

Un océan m'enlise en son sein mauve... morose.
Des pétales s'ouvrent et se referment, m'étreignent et me rejettent sans égard...
Un violent mal me martèle la tête!

Le bleu est là, trop doux devant moi. Il me saisit dans ses bras sans force,
 je suis portée mais je ne sens rien.
Je me débats!

Hors du vert de ton regard, je tombe. Une nuée d'étoiles me soulève et me dépose doucement à terre.
J'ouvre les yeux et, loin du limpide espace sans fond de ton charme cruel, je cours vers le monde des autres, le vrai monde qui m'attend depuis longtemps.

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Mauve soir

Main dans la main, nous nous envolâmes vers un mauve soir et,
hissant la voile de notre liberté sur de tendres ondes aux senteurs colorées,
nous voguâmes vers les dunes argentées de l'éternité.

Prés du soleil, nous saisîmes deux nuages flous et or,
nous les rassemblâmes au sol en un seul...
Ils devinrent notre lit d'amour.

Les vases du ciel se déversèrent et nous offrirent une pluie d'étoiles,
nous les ramassâmes par brassées.

Les fouettant dans un grand pot d'argile, je montai une crème limpide à la blancheur éclatante...
Je la laisser reposer et je me mis à tricoter de bonnes lunes en croissants odorants.

Pendant ce temps, dans un carré du mauve soir, tu peignis une immense fresque aux couleurs pastels pour nous en faire un ciel intime...
Tu y accrochas des tentures aux ondulations tombantes au sol en un soyeux froufrou...

Blottis au creux de notre nid, nous trempâmes les croissants de plaisir dans la crème de félicité.
Ce délicieux met fondant en nos bouches, nous dégustions du bonheur les saveurs aux couleurs exquises puis, enlacés dans notre maison bruissante...

Regarde!

Fresque trouée, tentures arrachées, pot renversé, nuage souillé, dunes broyées...

Adieu le mauve soir de l'éternel amour que tu m'as refusé!

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Le rose saoul

Un froufrou trop doux
M'enlise en son mou,
En son flasque; tout saoul,
Sans dessus-dessous,
Le rose est par-terre,
N'est plus du tout clair.

Il faut un remous
Joyeux, un peu fou
Et gentil; d'un coup,
Notre rose saoul
Serait bien debout,
Boirait la lumière
De tout l'univers,
Et son doux froufrou
Fleurirait partout!

Quand plus une moue,
Ne sera, tout l'air
Sera rose clair.

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Orange-lave

En un orange-lave vaporeux, un ruisseau en son lit moelleux porte l'eau vers un infini connu seulement du mystère. En ce flux, de soyeuses bulles amènent, tout en les effleurant de leur légèreté, de nombreux petits galets ronds qui, en leur porosité minutieuse, accueillent la douceur de la mouvance de l'eau harmonieuse...

Un être égraine des notes suaves en la teinte aérienne orange-lave.

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Mauve du soir

Parfois, après un jour bleu fade ou noir cuisant, lentement se hisse jusqu'au ciel devant mes yeux ouverts du mauve.
Mauve du soir, je te contemple, tu es caresses en mon regard, soyeux en moi.
Ton tissu chatoyant, mon âme le frôle, mon coeur le palpe...
Douceur du mauve, je me drape en toi, love mon être en toi... mon âme te caresse lentement...
De toi rien ne sors qui excite, oh non! Tu n'es que paix...
Je clos mes yeux, m'endors en ta teinte aérienne...

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Exploration

J'entre en une concavité blanche. Elle est uniformément poudreuse.
J'effleure, des doigts de mon âme, cette poussière infiniment fine, parfaite.
Tiens, mon autre main étant restée paume à plat sur le sol, je la déplace à peine, pour m'assurer un meilleur appui sur mes genoux.
Oh surprise ! Elle rencontre un encrier. Je me saisis de la plume, la lève au niveau de mon visage.
Mon âme, dubitative, contemple encore du plus profond d'elle la...
Comment nommer cette concavité blanche au plus près de ce qu'elle est en vrai?
Le silence emplit l'espace, se dilate, se dilate tellement, qu'un étrange son se fait entendre.
Oh! Il est celui d'un parchemin qui se déchire...
Les lambeaux de celui-ci enroulé autour de mon intimité choient au sol.
Je me penche sur chacun d'eux, sur lui écris, écris, écris...
Chacun accueille un fragment de ma vie.
Maintenant est autour de moi et sous moi un désert de déchirures...
Chacun de ces papiers est mien, je peux y inscrire des traces en encre noires de ma vie, ils sont échus pele-mêle, mais aucun vide entre eux.
Ma vie a été déchirure, mais elle est unité.

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Mon monde en couleurs
S'étale dans tout mon être...
Je me déploie en mon être...
Vive les couleurs!

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